|
Miroir sans reflet
27/08/2007 15:23
Miroir sans reflet

J’aime trop de gens sans jamais…
Sans jamais aimer juste quelqu’un
Tu sais, j’aime bien être là…
Être là, mais juste derrière la porte
Regarder par la serrure Sans jamais vouloir la clef J’ai peur de trouver une prison Aux cellules ravagées Tu sais, derrière mes fenêtres Où le noir s’écoule quand il pleut Il y a un foyer mal être Pas à cause de toi A cause des chaînes que je porte Qui me rattachent à la vie Mais aussi qui me rouillent les entrailles Tu ne sais pas, c’est pourri là dedans Je suis une pomme empoisonnée Ne me croque pas ou la mort te croquera
Dans ma biographie égoïste, Il y a :
Le froid dès leur naissance, une tempête à vous glacer les os… Arriver un mois trop tôt, juste pour ne pas faire comme prévu Une gamine parfaite aux allures surfaites Puisque bien sur sa peau et mal dans sa tête Et puis l’autre.
« Ce modèle de biographie, très en vogue de nos jours n’est plus disponible… Veuillez consulter nos catalogues, nous vous fourniront une histoire de vie dans la mesure du possible de nos stocks… »
Il y aussi toi, maman, tu m’avais pourtant dit que nos vies n’étaient pas écrites ? Tu crois qu’on peut choisir son chemin ? Que si l’histoire débute triste, on peut la terminer bien ?
Dis, est-ce que j’arriverai à aimer ?
« Vas-y pleure ! Pleure à te dessécher ! Vide-toi de ces larmes qui te polluent ! Crève ce qui doit mourir, ressuscite ce qui ne doit pas pourrir ! Cris ! Hurle ta douleur ! Déchire les livres qui racontent que la vie est rose ! Crache à la gueule de tout ce qui te manque de respect ! Casse la télé ! Mets le feu à tes rêves ! Mais respire ! RESPIRE ! »
C’est gris, ça a des fissures, ça sent l’alcool et le vomi… ça pue la mort, le goût du sang dans la bouche. J’aime pas l’air. C’est dégueulasse.
« Oh ! Bouge-toi ! Mets-toi en colère ! Révolte-toi ! T’as comme une fissure dans l’âme, faut la colmater, un peu de ciment ou de plâtre, d’accord, t’aimes pas la blanc. On prendra du ciment. Tiens, prends ma main, passe-la sur ta joue. T’as la peau douce, blanche, trop blanche. »
Alors je vais la laisser noircir, je n’aime pas le blanc, je ne suis pas suicidaire, ce n’est pas mon truc. Mais les forces manquent. Mon corps ne répond plus. Peut-être j’aurais dû partir avec elle. Cet autre moi qui perd ça conscience dans les chrysanthèmes, c’est moche ces fleurs. Je sais que t’aimes les roses, tout comme moi, c’est vrai, on est pareille.
« Ce n’est que ton esprit qui décide ça. Tu peux vivre si tu le choisis, tu prends l’ascenseur pour moi, tu t’arrêtes à mon étage, je t’offrirais des roses, t’as pas besoin de crever pour ça. Prends pas le ciel, ni les sous terrains et encore moins la porte. »
T’es là mais pas elle.
« Pas elle mais toi, oui… Pour elle, incarne ce que tu dois être. T’avais des projets, offre les lui en sa mémoire. Tes remords sont une lame de rasoir trop aiguisée. M’en fout. Débarrasse toi d’elle, plante-la moi dans le ventre. Je guérirai. Mais pas toi. Pas si tu continues de t’écorcher de l’intérieur »
Un miroir brisé Sept ans de malheur Pour moi, toute une vie
La femme que je suis N’est plus qu’un corps Que fais-tu encore là ?
« Si une moitié de toi est au néant, sache qu’une moitié de moi mourra si tu continues… Parce que je t’aime Parce que tes analyses sont arrivées Une mort, ça fatigue, c’est sûr Mais une vie aussi »
Ton ventre est doux. J’aime déjà ce qu’il y a à l’intérieur… N’oublie pas ta sœur Mais pense à cette moitié de nous.
Je vis pour une vie Je peux créer Malgré tout ? Dis, tu savais, quand tu es morte ? Tu me souriais, c’est toi qui avais fait mes analyses ? Ma sœur, celle qui a pansé toutes mes blessures Celle qui m’a toujours soignée ? Celle qui faisait mes contrôles de biologie à ma place ? Les secrets murmurés dans le même ventre. Toi qui me ressemblais, Tu souriais Et je pleurais Toi qui me ressemblais Tu étais en paix Tu ne me ressemblais pas Ton sourire Mes doutes Que vais-je faire sans toi ?
Quelqu’un m’attend Et j’attends quelqu’un
Que vais-je faire sans toi ?
Je sais
Vivre…
Cléops
| |